"L'État développementaliste américain : Les origines du capitalisme américain en perspective comparative"
Colloque en présentiel organisé avec le soutien de l'unité de recherche PHARE de l"université Paris 1 par Noam Maggor, chercheur-résident 2022-2023 de l'IEA de Paris, Sofia Valeonti (Université américaine de Paris), Nicolas Barreyre (EHESS), et Ariel Ron (Southern Methodist University).
Avec le soutien de l'Institut d'études avancées de Paris, l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (et le laboratoire Mondes Américains), l'American University of Paris (et le Center for Critical Democracy Studies), l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, le Mellon Fund à Cambridge University, la Southern Methodist University, et PHARE à Paris 1.
Comment rendre compte au mieux de la trajectoire historique du capitalisme américain au cours du « long » XIXe siècle ? Cette conférence propose d’étudier la période fondatrice du capitalisme américain à la lumière du concept d’État développementaliste.
Réévaluer le rôle de l’État dans l’histoire économique des États-Unis est devenu nécessaire, alors que, à Washington et ailleurs, sont mises en place des politiques industrielles parfois très volontaristes, et que les principes du « consensus de Washington » ne font plus l’évidence. Chercheurs comme journalistes observent le déclin de la « mondialisation néolibérale » et un « retour » des chaînes de production. La demande sociale pour une plus grande intervention de l’État pour garantir un futur soutenable et plus juste se fait plus pressante. Les historiens sont bien placés pour éclairer de tels débats, qui souffrent d’une compréhension faussée de l’histoire des institutions américaines et leur rôle économique.
En effet, les américanistes ont passé une grande partie des deux dernières décennies à réfuter le mythe d’un État américain « faible ». Longtemps considéré comme impotent voire absent avant le milieu du XXe siècle, le nouveau consensus est que l’État américain a toujours été « puissant, expansif, tenace, interventionniste et redistributeur » (William Novak). Parallèlement, les historiens de l’esclavage américain et de la dépossession des populations amérindiennes ont montré que la violence d’État est essentielle pour comprendre la trajectoire économique du pays.
Nous nous proposons d’examiner si ces différentes facettes de l’histoire des États-Unis s’inscrivent dans un projet de développement unique ou si elles témoignent de visions multiples et concurrentes du développement. Plus généralement, nous souhaitons nous interroger sur la manière dont le pouvoir de l’État a été orienté pour façonner et gouverner la vie économique.
Réfléchir en termes d’État développementaliste permet de placer les États-Unis dans une perspective comparative, et ainsi mettre l’accent sur un ensemble de questions fondamentales : Qu’est-ce qui fait que les États-Unis ressemblent ou pas à d’autres jeunes sociétés de colonisation dans le monde et, plus généralement, à d’autres nations en voie d’industrialisation ? Comment caractériser au mieux les relations entre l’État et les acteurs privés aux États-Unis, au niveau fédéral et à celui des États ? Quels ont été les alignements sociaux, les coalitions et les confrontations qui ont façonné et remodelé les institutions américaines au fil du temps ? Comment se fait-il que les États-Unis - longtemps associés aux marchés libéraux - aient inspiré des personnalités telles qu’Alexander Hamilton et Friedrich List pour théoriser des approches et des politiques clés en matière de développement ? Étant donné la place privilégiée qu’occupent les États-Unis en tant que modèle pour l’élaboration des politiques publiques dans le monde entier, les implications de ce programme de recherche pourraient être profondes et remettre en cause des schèmes d'explication de longue date - en économie, en science politique et en économie politique comparée - sur les sources et les critères de la « réussite » économique.